E-Agriculture

Rapport de synthese pour la deuxième semaine

Rapport de synthese pour la deuxième semaine

Semaine 2: Identification des succès et échecs dans le cadre de l’utilisation des TIC par les femmes en milieu rural : Quels sont en particulier les facteurs qui ralentissent l’utilisation effective des TIC par les femmes rurales ?

 Commentaire général :
Nous avons pu bénéficier cette semaine d’une discussion approfondie sur  un sujet qui dépasse ( tout en l’englobant cependant) la question spécifique des TIC, à savoir le manque d’analyse précise portant sur les raisons des succès et des échecs dans les projets de développement.

Ceci est dû à : 

  • Une tendance à rapporter des anecdotes plutôt que de véritables  données analysées dans leur contexte: « La documentation des succès et des échecs se limite souvent à la narration d’anecdotes ou de synthèses peu précises, qu’on retrouve dans les rapports faits aux bailleurs de fonds ou dans les articles promotionnels. Ces synthèses ou anecdotes, bien que peu précises, sont souvent présentées comme des cas généraux » (citation)
  • Les données sont encore peu nombreuses donc il y a manque de masse critique pour en tirer des tendances fiables
  • Les méthodes utilisées pour documenter les changements en termes de succès ou d'échecs ne sont pas toujours appropriées. Par exemple, même lorsque les financements incluent une évaluation, la conception et la budgétisation de cette évaluation laisse à désirer : on se limite à un minimum sur le plan financement afin que le budget total ne soit pas trop élevé et en plus on est souvent pressé de boucler le dossier.

D’où l’importance réitérée :

  • des analyses précises et approfondies des projets TIC mais aussi de tout autre projet engageant les questions de genre. 
  • de ne pas condamner systématiquement les « échecs » qui sont porteurs d’enseignement, souvent même davantage que des réussites apparentes : Ces « condamnations »  systématiques résultent le plus souvent en l’arrêt des financements alors que quelque fois un projet peut « échouer », mais peut avoir produit du renforcement de capacités locales, qui peut être utile à d’autres projets.
  • de créer des méthodes innovantes pour mesurer les échecs et les succès des expériences et projets de TIC.
  • de la mise en réseau de projets similaires pour favoriser les échanges d'expériences et donc améliorer le suivi et promouvoir la synergie d'actions 
  • d’impliquer davantage les étudiants qui font leurs mémoires en développement dans l’analyse des actions réalisées par les organisations ce qui ne couterait pas grand-chose mais serait bénéfique a tous.

 Analyse des facteurs de ralentissement :

Sur le plan économique

  • Niveau de développement faible des zones rurales et donc faible niveau de revenus durables et soutenus des populations qui  pratiquent l’agriculture de subsistance : l’investissement dans l’information n’est donc pas une priorité alors que parallèlement on assiste à des mouvements migratoires vers les villes notamment de la part des jeunes
  • Cout élevé de la connexion Internet, manque d’infrastructures, réseaux instables ou saturés, coupures d’électricité ou pas d’électrification du tout

Sur le plan social et culturel

  • Taux d’alphabétisation féminin très bas
  • Etant détentrices de coutumes différentes de la culture dominante, les populations rurales sont peu reconnues dans leurs savoirs et leurs capacités et les médias sollicitent très peu leur voix et ne relaient donc pas leurs besoins.
  • Manque de sensibilisation des femmes qui ont une faible perception des enjeux des TIC (=Elles ne s’y intéresseront que si elles y voient leur intérêt) et aussi donc manque de formation
  • La culture patriarcale de la plupart des sociétés africaines fait que les opportunités technologiques ou économiques sont d’abord appropriées par les hommes, surtout en milieu rural. Pourtant  « il ne s’agit pas de décider  unilatéralement à quelle fin les TIC doivent être utilisées par les femmes. L’essentiel est qu’elles apprennent la technologie, et elles sauront quel usage en faire selon leurs besoins » (Citation).
  • Le manque de « sensibilité » culturelle : La consultation de sites pornographiques qui s’expose publiquement dans les cybercafés, dissuade les femmes de les fréquenter. 
  • L’élément de « frime » : Les objets TIC (teleph & ordinateur) sont souvent considérés comme objet de parure et leur usage n’est pas neutre du point de vue social : le fait de vouloir posséder un téléphone personnel même si la coépouse en a un ; détournement de l'argent pour payer des cartes de recharge du tel ; le fait de désirer recevoir des appels quand on est en public pour montrer son importance ; le fait de désirer changer de portable pour en acquérir un plus moderne ... « Donc les TIC en milieu rural peuvent ne pas être un outil pour améliorer son statut économique mais plutôt son prestige social » (Citation)

Sur le plan institutionnel et politique

  • L'absence de politiques publiques TIC avec dimension genre : manque ou absence de volonté politique mais aussi stratégies d’information et de communication inexistantes au niveau des gouvernements pour la  diffusion des connaissances
  • Le manque de vision en matière d'équité et de développement inclusif
  • Un élément masculin dominant dans les institutions chargées de l’information et de la communication, ajouté au fait que souvent ces institutions sont peu en prise avec les questions rurales
  • La non- prise conscience par les Organisations de la Société Civile de l’importance des TIC ou si elles en ont conscience, il leur est difficile de convaincre les bailleurs de fonds dont les thématiques a la mode sont davantage la démocratie, l’Etat de droit, les élections et la lutte contre la corruption
    Les organes de régulation des télécommunications, en Afrique de l'Ouest en particulier, sont très peu indépendants et ne peuvent donc pas assurer l'accès universel aux TIC

 Eléments de solutions :

  • Promouvoir l’alphabétisation et l’éducation des filles et des femmes
  • Faire un véritable « diagnostic genre » avant de commencer un projet, c'est à dire comprendre le contexte dans lequel le projet sera mis en place en termes de rapports entre hommes et femmes et puis à chaque étape, se poser des questions sur l'influence de l'action en termes de genre.  Autrement dit analyser avant l’installation ou la dissémination des TIC, les besoins réels des populations afin d’assurer une réelle appropriation de ces technologies : « Pour que les TIC soient un succès en milieu rural, il faudra qu'elles répondent aux attentes des femmes rurales en leur apportant l'information utile pour leur quotidien »
  • Intégrer l’utilisation des TIC dans une politique plus large d’amélioration de la situation économique des femmes : « Utiliser les  outils TIC implique de dépenser de l’argent, or les femmes rurales se démènent chaque jour avec des ressources financières limitées et il est donc difficile pour elles de mettre à côté de l’argent pour financer les TIC »
  • Des prises de positions fermes des gouvernements pour que les coûts d'utilisation des TIC en milieu rural soient modulés en tenant compte des niveaux de revenus.
  • Adapter le contenu TIC au milieu culturel et social : « L'un des défis à relever par la société africaine de l'information, c'est le contenu africain et l’adaptation de son contenu aux différentes catégories sociales (jeunes, femmes rurales, femmes urbaines, etc.» Donc Promouvoir l’autonomie et la volonté des femmes qui le plus souvent savent parfaitement ce dont elles ont besoin
  • Prendre en compte la tranche d'âge lorsqu'on discute de l'utilisation des TIC : la vieille génération a davantage de mal à s’adapter aux nouvelles technologies
  • Ne pas négliger les formes d'organisation sociale traditionnelles pour permettre l'accès des femmes aux TIC comme les tontines qui  utilisent le mode communautaire d'organisation et de partage.
  • Ne pas penser que les technologies sont nécessairement la panacée à tous les problèmes: « En zone rurale même les outils traditionnels ne sont pas utilisés par tout le monde alors pourquoi vouloir que tous les gens adoptent des technologies? »

 Exemples intéressants :
 

  • Projet RESACIFROAT (Financement CTA): Renforcement des capacités d'échanges et de visibilité et accompagnement des femmes rurales qui luttent contre la pauvreté et contre le manque d'informations,  grâce à l’usage du téléphone portable et d’Internet par un réseau de femmes rurales de 7 pays d'Afrique de l'Ouest.
  • Projet PAFPA (Financement Banque Mondiale) : Formation des membres des Groupements à Vocation Coopérative (GVC) à la gestion grâce à l’emploi de la méthode GERME mise au point par le BIT.
  • Projet (Financé par le PARF d’APC) : des organisations de femmes ont reçu des petites subventions pour réaliser des projets TIC pour combattre la violence faite aux femmes et aux filles. Ayant été témoin de l’impact des téléphones cellulaires sur le terrain,  ces associations sont engagées dans le plaidoyer et elles se sentent plus à l’aise de travailler sur les TIC car elles ont vu les résultats.

 Sites à consulter pour de plus amples informations

http://www.fao.org/dimitra/publications-dimitra/publications/fr
http://www.famafrique.org/
http://new.unctad.org (ressources en anglais)
http://www.apc.org/fr/system/files/fracturenumeriquedegenre.pdf)
http://www.burkina-ntic.net.
http://www.apc.org/fr/pubs/books/politiques-de-tic-manuel-du-debutant
http://www.apc.org/fr/pubs/issue
http://www.adepa-wadaf